Les liens entre la peinture, la sculpture et l'architecture dans l'art de Michel-Ange.

Publié le par Cheyenne Battelier

  Introduction :

 Le début de la Renaissance, marqué par la chute de l'église catholique et par la réforme protestante, est amorcée au XVIème siècle. Au Quattrocento, les cités évoluent par l'arrivée de grandes familles et au Cinquecento des guerres intestines entre duchés et les guerres étrangères envahissent l'Italie. À ce moment là, Michel-Ange sera partagé entre les commandes à Rome et à Florence. Michel-Ange est alors un sculpteur très demandé, cela l'obligera à laisser des œuvres inachevées derrière lui.

  Michel-Ange est un artiste humaniste. Il étudiera beaucoup l'anatomie du corps humain afin de mieux comprendre celui-ci. Dans ses œuvres, Michel-Ange poussera au maximum le réalisme et le mimétisme. L'homme deviendra le centre de ses créations et son seul sujet. Il présentera des corps démesurés, dans des postures non naturelles, et souvent dénudés afin de montrer le corps brut. Tout sera sculpté : les muscles, les expressions du visage, les veines et même les os de ses personnages.

  Michel-Ange est avant tout sculpteur et il se revendique comme tel avant tout. Mais il touchera aussi à la peinture ainsi qu'à l'architecture. Ses savoirs vont l'emmener à lui faire faire des œuvres incroyables encore connues de nos jours.

 

 

  I) Les liens entre la peinture et la sculpture.

  Michel-Ange deviendra peintre sous la demande de certains commanditaires. Dans ces peintures, il transpose son expérience en sculpture. Ces peintures ressembleront à de vraies sculptures déposées sur une toile.

La sainte famille avec saint Jean-Baptiste, 1506

La sainte famille avec saint Jean-Baptiste, 1506

  Prenons pour exemple le tableau commandé par  Agnolo Doni en 1506 à l'occasion de la naissance de sa fille : La sainte famille avec saint Jean-Baptiste.

  Dans ce tableau, le corps est le seul sujet, il ne s'attarde pas sur le paysage, peu présent. Nous pouvons voir au premier plan la Vierge, le Christ et St Jean-Baptiste. Ces trois personnages sont placés au centre de la peinture. Ceux-ci donnent l'impression qu'ils ne forment qu'une seule et même personne comme un bloc sculpté.

La Vierge est ici une jeune femme musculeuse qui exécute un mouvement de torsion. Cette pose permet de faire ressortir les muscles du corps de celle-ci. Cette technique est très clairement reprise dans les sculptures de Michel-Ange, chez le David par exemple. Les effets de la lumière des couleurs puis de l'éclairage soulignent le caractère sacré des personnages de la toile. Elle fait aussi ressortir le volume et le relief de la scène.

À l'arrière plan, nous retrouvons des personnages entièrement nus. Leurs poses et leurs gestes sont tous des références à la sculpture classique. Le fait qu'ils soient nus renforce aussi le caractère de leurs muscles. Michel-Ange pousse jusqu'au bout la peinture afin de la façonner comme il le ferait avec ses sculptures. Ces corps nus, présents ici, symbolisent l'humanité païenne, du monde d'avant la venue du Christ.

On suppose que c'est Michel-Ange lui même qui aurait sculpté le cadre de la peinture où sont présentes les armoiries des Strozzi.

 

  Mais ce tableau n'est pas le seul exemple de cette peinture de sculpteur. Les sibylles de la chapelle Sixtine en témoignent aussi.

  Elles montrent toutes des masses de muscles incroyables pour une femme. Comme ici la sibylle de Cumes. Elle est représentée avec des muscles sur-développés accentués par le modelé. De plus, elle prend une pose très artificielle avec une torsion du corps. Son corps est disproportionné par rapport à sa tête qui elle est plus humaine. Michel-Ange prend ici une liberté qu'il prend déjà dans ses sculptures comme la Pièta au Vatican.

  La sibylle de Perse montre elle aussi une torsion du corps très marquée. Nous pouvons aussi apercevoir sous ses vêtements que ses muscles sont très développés mais ici, cela reste très fin. De plus, nous avons une impression que cette peinture n'en est pas une. Elle ressemble beaucoup à une sculpture digne de Michel-Ange par le travail du volume

  La sibylle de Delphes paraît ici encore plus réelle que jamais. Nous avons une véritable impression de sculpture apparente. Ce personnage paraît sortir de la pierre. Cette impression est renforcée par l'architecture peinte sur chacun de ses côtés. Cette architecture peinte présente une sorte de trône avec deux colonnes où sont sculptés quatre corps nus qui eux aussi présentent les techniques de Michel-Ange : le modelé ainsi que les postures non naturelles.

Cumes / Perse / Delphes Cumes / Perse / Delphes Cumes / Perse / Delphes

Cumes / Perse / Delphes

  Le Christ présent sur la fresque du Jugement Dernier au Vatican présente lui aussi des caractères semblables aux sibylles. Son corps est présenté comme un corps d'athlète. Tous ses muscles sont dessinés, marqués par le modelé. Son corps paraît démesuré et ne correspond pas à l'image du Christ qu'on se représente quand on parle de lui.

Les liens entre  la peinture, la sculpture et l'architecture dans l'art de Michel-Ange.

  Michel-Ange prend des libertés dans ses peintures comme il a pour habitude de faire avec ces sculptures. Dans ses peintures nous remarquons très clairement ses connaissances en anatomie comme en sculpture. Michel-Ange se revendique lui même avant tout sculpteur. Alors que la sculpture est présente dans ses peintures. Ses peintures vont aussi s'intégrer dans son architecture comme nous allons le voir par la suite.

 

  II) Les liens entre la peinture et l'architecture.

  Michel-Ange va aussi être poussé à réaliser des fresques pour des commandes monumentales comme par exemple la chapelle Sixtine. C'est sous le règne de Jules II que le plafond de la Sixtine sera orné. Il demandera à Michel-Ange de venir peindre celui-ci. Michel-Ange prendra du temps avant d'accepter la commande mais finira par entreprendre le chantier. Pour sa réalisation, il se servira de ses talents de peintre afin d'embellir l'architecture de la Sixtine. Il réalisera dans celle-ci de nombreux trompes l'oeil qui donneront au plafond de la chapelle une impression de voûte. Cette voûte s'élève à 20 mètres du sol pour se déployer sur une surface de plus de 1000 m2 et induit le spectateur dans un sentiment de vertige.

  Ces trompe-l'oeil sont réalisés à partir des murs latéraux, au dessus des fenêtres afin que la lumière accentue la voûte. Michel-Ange utilise ici la peinture pour peindre des éléments d'architecture qui ressemblent à de la pierre et des stucs. Nous y trouvons des triangles, qui lient le plafond aux murs verticaux mais aussi des colonnes avec des chapitaux sculptés et des corniches. Ces éléments sont ici peints de façon à créer une séparation entre les différentes scènes représentées. Elle permet de donner ainsi un ordre de lecture bien précis. La construction de cette architecture peinte nous emmènera vers une ascension.

Les liens entre  la peinture, la sculpture et l'architecture dans l'art de Michel-Ange.

  Les personnages présents accentuent l'effet du réel de l'architecture en trompe l'oeil. Tous les détails sur l'architecture peinte marque d'autant plus cette réalité. Sur toute les frises, des petits détails comme ici, des sortes de petites feuilles, vont être peintes. L'incrustation de sculptures peintes vont elles aussi pousser cette réalité.

  Toutes les scènes de la Bible présentées sur cette fresque de la voute sont toutes séparées par un cache architectural accompagné d'ignudis qui sont de petits hommes nus. Tous ces encadrements d'architectures donnent une impression que Michel-Ange a peint ces scènes dans une architecture déjà présente.

 

  

Les liens entre  la peinture, la sculpture et l'architecture dans l'art de Michel-Ange.

 

   III) Les liens entre l'architecture et la sculpture.

  Michel-Ange va aussi mêler la sculpture à l'architecture comme par exemple pour les tombeaux des Médicis. Il va faire ici une imbrication des deux afin de sublimer une architecture avec des sculptures.

  Ces tombeaux ont été construit sur la commande des Médicis. Ils se trouvent dans une chapelle, la Sagrestia Nuova. Michel-Ange travailla à l'élaboration de cet édifice de 1520 à 1527 puis de 1530 à 1534. Dans cette chapelle, seul deux tombeaux seront alors construits car celui de Laurent le Magnifique restera inachevé. Il n'y a donc que deux tombeaux : celui de Laurent de Médicis, duc d'Urbin et celui de Julien de Médicis, duc de Nemours, son frère. Michel-Ange abandonnera le chantier et laissera des niches incomplètes. À cause de ce départ précipité de Michel-Ange, le fils de Laurent de Médicis n'aura pas de tombeau et sera donc déposé dans le même tombeau, sur le corps même de son père.

Leur tombeau est constitué d'un caisson de pierre, d'un simple sarcophage de pierre lui aussi. Cela est complété d'un seul décor en marbre qui seront décorés de deux statues latérales de 2,26m qui seront faite par les assistants de Michel-Ange. Ces trois tombeaux sont organisés en triangle dans l'espace de la chapelle. Julien et Laurent regardent vers celui de Laurent le Magnifique. Les deux autres tombeaux de Julien et Laurent sont organisés face à face, dans une symétrie parfaite. Le traitement de leur composition est absolument identique.

 

 

  A) Le tombeau de Laurent de Médicis :

  La grande statue centrale représente ici Laurent, assis et pensif. L'expression du visage a été très travaillé afin de montrer au public les pensées de ce personnage. La sculpture semble sortir de l'architecture. Son coude est posé sur une chauve-souris.Comme à ses habitudes, Michel-Ange montrera un grand intérêt pour l'anatomie et en particulier les muscles. Malgré les vêtements qu'il porte, nous pouvons deviner la musculature développée de la statue. Nous devinons sous son armure la forme des muscle du personnage. Comme dans nombreuses de ses sculptures, Michel-Ange réalise une tête plus petite que le corps.

Les liens entre  la peinture, la sculpture et l'architecture dans l'art de Michel-Ange.
Les liens entre  la peinture, la sculpture et l'architecture dans l'art de Michel-Ange.

  Sur le sarcophage figure deux allégories, celle du Crépuscule et de l'Aurore, qui glissent sur le bord de l'architecture du tombeau.. Les deux allégories sont représentées avec un corps très musclé. Les statues présentes ont les yeux ides. Elles n'ont pas de pupille ni d'iris. Cela symbolise le sommeil et l'oubli, l'impuissance face à la destinée.

Les liens entre  la peinture, la sculpture et l'architecture dans l'art de Michel-Ange.

  Les membres du Crépuscule sont imprécis car ils sont inachevés. Comme pour le David de Michel-Ange, les muscles sont partis prenant de cette sculpture. Tous les muscles sont marqués par son célèbre modelé. La pose paraît artificielle mais aussi légère. Par rapport à l'Aurore, il est ici représenté entièrement nu, sans voile ni vêtements.

  L'Aurore est représentée avec un voile qui symbolise le deuil. En travers de sa poitrine, nous pouvons voir le bandeau des esclaves. Ses muscles sont très marqués au niveau de son abdomen. Cette sculpture représente une femme mais les traits de son visage et le modelé de son corps suggères que le model qui a posé pour cette statue était certainement un homme. Comme dans les autres sculptures de Michel-Ange, cette allégorie semble suspendue dans le temps. Malgré la pierre, celle-ci paraît gracieuse.

Crépuscule / AuroreCrépuscule / Aurore

Crépuscule / Aurore

  Dans les niches vides de chaque côté de la statue de Laurent devaient se trouver d'autres allégories, certainement celle des fleuves mais elles ne seront jamais achevées donc jamais exposées. Avec ces sculptures, Michel-Ange montre qu'il est avant tout sculpteur.

  Sur le haut de l'architecture, des frises ont été sculptées dans la pierre. Il présente des frises simples, sans grands détails ce qui montre que le travail est peut-être inachevé. Ceci est inhabituel chez Michel-Ange qui a pour habitude de paufiner ses décors et de montrer son talent jusqu'à son maximum. Il y a une symétrie parfaite entre les deux parties. Il y a aussi un contraste entre ces formes souples et l'organisation rigoureuse du mur. L'ensemble du tombeau est organisé dans un triangle.

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  B) Le tombeau de Julien de Médicis :

  Il est lui aussi constitué d'une statue centrale tout particulièrement travaillée. Il est représenté habillé comme un empereur romain, le bâton de la Sainte-Église sur les genoux ce qui représente la puissance et la capacité à agir. Comme pour la statue de Laurent, Michel-Ange a beaucoup travaillé les traits du visage. La torsion de son coup semble très douloureuse, impossible à réaliser dans la réalité. Le détail de son apparat est lui aussi très travaillé comme nous pouvons le voir sur la photo. Chaque détail sont représentés.

 

Les liens entre  la peinture, la sculpture et l'architecture dans l'art de Michel-Ange.
Les liens entre  la peinture, la sculpture et l'architecture dans l'art de Michel-Ange.

  Les deux allégories sont ici posées sur le sarcophage de Julien. Elles sont elles aussi nues et en équilibre sur celui-ci. Leurs muscles sont encore une fois mis en avant et les torsions sont bien présentes.

 

Les liens entre  la peinture, la sculpture et l'architecture dans l'art de Michel-Ange.

  Nous avons à droite l'allégorie du Jour. Elle est représentée sous les traits d'un vieillard qui semble fatigué. Son visage est à peine distinct, ne semble pas avoir été travaillé. Il a été comme pour les autres sculptures taillés dans la pierre. Il semble ici qu'il n'a pas été totalement dégagé de la pierre dans laquelle il a été taillé. Ses muscles sont tout de même très présents et semblent être sur le point d'exploser tellement ceux-ci sont gonflés.

  À gauche, il y a l'allégorie de la Nuit. Cette allégorie est taillée sous les traits d'une femme. Son corps correspond mieux à une femme que précédemment avec l'allégorie de l'Aurore sur le tombeau de Laurent. Elle est représentée ici avec un croissant de lune et une étoile en bandeau. Elle a aussi un silex, un hibou entre sa cuisse et son pied, un masque tragique, certainement une satyre posée près de son bras gauche. Elle a aussi une guirlande de pavots sous le pied gauche, près du hibou. Cette allégorie semble plus recherchée que les précédentes. Elle est l'une des seules à posséder autant de symboles. Est-ce une volonté de l'artiste ou n'a-t-il pas eu le temps de faire autant avec les autres ?

 

Nuit / JourNuit / Jour

Nuit / Jour

 Comme pour le tombeau de Laurent le Magnifique, Michel-Ange ne s'est pas attardé sur l'ornement de l'architecture, des frises. Elles sont aussi simples que l'autre tombeau.

L'imbrication entre l'architecture et la sculpture est exactement la même que dans le tombeau de Laurent comme la symétrie parfaite et un contraste de formes souples et d'organisation rigoureuse du mur où les statues forment là aussi un triangle.

 

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